Les parts du gâteau sont presque les mêmes que 33 ans plus tôt malgré des évolutions passagères. En 1990, la valeur ajoutée produite en France se répartissait en 66,1 % pour rémunérer le travail, 32,5 % pour rémunérer le capital et 1,4 % pour les impôts de production (nets des subventions d’exploitation hors Cice). En 2023, cette répartition s’élève respectivement à 67,3 %, 32,7 % et 0 % (voir la méthodologie ci-dessous). Tel est le principal enseignement d’une étude de la direction générale du Trésor qui concerne les sociétés non financières lesquelles représentaient, en 2023, environ 58 % de la valeur ajoutée brute de l’économie.
Cette étude, qui se concentre sur les sociétés non financières, se base sur les comptes nationaux élaborés par l’Insee. Dans ce contexte, les dépenses liées au travail correspondent à la rémunération dite super-brute des salariés (salaire de base + cotisations employeurs + cotisations salariales + CSG/CRDS + variables de rémunération) et aux impôts sur les salaires et la main d’oeuvre, diminués du montant du Cice (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). La rémunération du capital est basée sur l’excédent brut d’exploitation. Les impôts de production incluent la cotisation foncière des entreprises, la contribution sociale de solidarité des sociétés et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Ils sont calculés nets des subventions d’exploitation hors Cice. |
Source : Le partage de la richesse produite en France entre le travail et le capital, direction générale du Trésor
Cette relative stabilité sur cette longue période cache des phases distinctes. Entre 1990 et 2007, la part revenant au travail a diminué, “les entreprises compensant notamment la hausse des impôts de production en modérant salaires et emploi” dans l’objectif, semble-t-il, de préserver leur taux de marge, analysent les auteurs de l’étude. Entre 2007 et 2017, elle a augmenté, “le choc d’activité lié à la crise financière affectant davantage l’excédent brut d’exploitation des entreprises que la masse salariale, plus rigide. De 2017 à 2023, elle a baissé de façon limitée, ce qui s’explique surtout par le retard avec lequel les salaires se sont ajustés au choc inflationniste de 2022”, est-il relevé.
Sur l’ensemble de la période, “la légère hausse de la part des dépenses liées au travail dans la valeur ajoutée reflète celle des prélèvements assis sur le travail alors que la part revenant aux salaires nets (avant impôt sur le revenu) est restée stable. Au sein de la part du capital, les dividendes nets ont augmenté entre 1990 et 2023 tandis que les intérêts versés ont diminué”, détaille l’étude.
