Si l’ «onboarding» ou intégration est souvent mis en avant par les cabinets comptables pour démontrer leur souci des salariés, l’«offboarding», qui concerne la manière d’accompagner un collaborateur sur le départ, a aussi son importance. Les raisons en sont très pragmatiques : “Le monde de l’expertise comptable est petit, sourit Thibault Donnat, DRH du cabinet Exco Valliance. Un collaborateur qui nous a quittés sur une bonne impression sera plus enclin à parler en bien du cabinet et à devenir prescripteur”.
Le fondateur du cabinet parisien Denjean & Associés, Thierry Denjean, va plus loin : “Quand un salarié nous quitte pour travailler en entreprise, par exemple chez un client ou un prospect, garder des liens permet d’entretenir des relations commerciales au sein du réseau que nous avons tissé”. Ce dirigeant évoque un autre cas de figure constructif : “Si un salarié part pour créer son cabinet, nous l’aidons, et nous lui fournissons le cas échéant des sollicitations d’entreprises, telles que des TPE par exemple, qui font appel à nous pour de la tenue comptable, ce qui ne correspond pas à notre cœur de métier. Nous pouvons également lui confier à l’avenir des missions de sous-traitance.”. Autant de sujets pour lesquels il est bon de se séparer sans animosité et de garder le contact.
Concrètement, les cabinets formalisent leur démarche d’ «offboarding» en plusieurs étapes. Bénédicte Boureux, DRH du cabinet RSM France, en énumère 6 : “Dès l’annonce du départ, nous communiquons auprès des équipes concernées, en général via le manager qui s’est concerté avec le salarié. Puis la phase de passation permet d’organiser la transmission des connaissances, des dossiers et des responsabilités. Ensuite, le service RH gère les formalités administratives. Puis il y a l’entretien de sortie, moment privilégié pour recueillir les impressions du salarié sur son expérience. Et enfin, la phase de reconnaissance-remerciement, puis la préparation du relais, dialogue entre le service RH et le manager d’équipe”.
Le point culminant du process d’offboarding est l’entretien de sortie, qui peut être mené par les RH, le manager, voire le dirigeant lui-même dans le cas de Denjean & Associés. “Cet entretien est essentiel pour vérifier les raisons du départ, s’enquérir avec tact des projets du collaborateur, voire résoudre certains problèmes non-réglés ou éclaircir des incompréhensions”, explique Karine Grosbois, responsable des richesses humaines du cabinet Amarris. De nouveau, il s’agit de se quitter sur une bonne note, sans conflit.
Le dialogue entourant un départ est riche d’enseignements pour les cabinets comptables, qui y voient l’occasion de glaner des informations et de mettre en place des pistes d’amélioration. “L’entretien de sortie dure entre 5 et 45 mn, concerne systématiquement tout salarié sur le départ et nous l’organisons le jour de sa sortie, pour qu’il se sente plus libre de parler”, précise Thibault Donnat. Qui poursuit : “Nous avons une trame de questions préétablies afin d’évaluer l’expérience vécue par le salarié, depuis son intégration – même ancienne – jusqu’à son quotidien, ce qu’il appréciait dans son poste, ce qui était plus délicat, la partie métier, outils, les relations humaines et, enfin, s’il serait prêt à nous recommander”. Un tour d’horizon complet, où le salarié est écouté et ses remarques prises en compte. Puis les RH d’Exco Valliance font une synthèse de l’entretien pour le manager concerné.
Bénédicte Boureux souligne la nécessité de mener l’offboarding auprès de chaque salarié : “Il est important de traiter chaque départ avec sérieux et considération, quel que soit le poste occupé ou l’ancienneté. Cela reflète une culture d’entreprise respectueuse et cohérente. Même en cas de départ conflictuel ou de courte collaboration, un minimum d’accompagnement montre que l’entreprise reste professionnelle et humaine. Cela peut aussi apaiser des tensions, éviter des départs amers et préserver l’image du cabinet”.
Vis-à-vis des bons éléments et pour aller plus loin, certains cabinets entretiennent un réseau d’anciens : “Nous organisons chaque été une soirée annuelle du cabinet, à laquelle nous invitons des anciens”, indique Thierry Denjean, qui estime qu’entre 10 et 20% de ses salariés ayant démissionné reviennent dans l’entreprise au bout de 2-3 ans. De son côté, le groupe Amarris formalisera cette année une newsletter à destination de ses anciens salariés et réfléchit à l’organisation d’événements conviviaux avec eux.
