Année blanche en 2026, maîtrise de la dépense publique, moment de vérité, économies l’année prochaine de 20,8 milliards d’euros dans la dépense publique… Le plan de François Bayrou diffusé mardi dernier (voir ce document et
ce document) pourrait laisser croire que le gouvernement table sur une baisse de la dépense publique globale en 2026. Il n’en est rien quand on y lit qu’il est prévu “un ralentissement de la croissance des dépenses sans entraîner la récession”.
Concrètement, les prévisions chiffrées de plafonds de dépenses publiques pour 2026 et pour 2025 ne figurent pas dans ces documents destinés à la presse. Elles se trouvent dans un rapport publié le même jour (ce document est rendu obligatoire par l’article 48 de la loi organique relative aux lois de finances). Grâce à lui, on apprend que le gouvernement prévoit une hausse potentielle de l’enveloppe globale de 29 milliards d’euros en 2026 (voir le détail dans le graphique ci-dessous), étant précisé que ces prévisions sont établies hors crédit d’impôt à champ courant. Le plafond de la dépense publique passerait de 1 693 milliards d’euros (en 2025) à 1 722 milliards d’euros (en 2026). Cela représente une progression de 1,71 %. Un niveau supérieur à la prévision de l’inflation fixée à 1,4 % par le gouvernement pour 2026 (voir
ce document).
Les grandes catégories d’administrations ne sont pas logées à la même enseigne. Ainsi, le plafond de dépenses prévu pour les administrations publiques centrales (Etat et opérateurs de l’Etat) devrait augmenter de 22 milliards d’euros. Pourtant, le dossier de presse met en avant pour ce budget “une règle : ne pas dépenser 1 € de plus en 2026 qu’en 2025” avant d’indiquer entre parenthèses “budget général hors renforcement de l’effort de défense”. Or, l’effort de défense devrait augmenter de 6,7 milliards d’euros en 2026 à en croire le document sur le plafond des dépenses. On est donc loin des 22 milliards d’euros. Qu’est-ce qui explique un tel écart ?
La tendance affichée pour les dépenses de sécurité sociale est similaire. Le plafond prévu pour 2026 s’élève à 809 milliards d’euros contre 800 milliards d’euros en 2025, soit une progression de 9 milliards d’euros. Dans ce domaine aussi, l’articulation avec le dossier de presse interroge. “Si nous ne faisons rien, les dépenses de santé augmenteront de 10 milliards d’euros dès l’année prochaine. Nous allons donc limiter cette hausse de moitié et faire un effort d’économies de 5,5 milliards d’euros”, avance le document. Si l’on suit ce raisonnement, comment expliquer que le plafond prévisionnel des dépenses sociales augmente de 9 milliards d’euros ? François Bayrou parle de — moment de — vérité. Quelle est-elle ?
Source : plafonds de dépenses du projet de loi de finances pour 2026
